La mathématicienne Mary Winston Jackson faisait partie d’un petit groupe de femmes afro-américaines qui travaillaient comme ingénieurs aéronautiques à la NASA au cours de la course à l’espace des années 60.
Qui était Mary Jackson ?
Ses compétences en mathématiques et en sciences lui ont permis d’obtenir un poste d’ordinateur humain » au centre de recherche Langley de la NACA (National Advisory Committee for Aeronautics). Elle est devenue par la suite la première femme ingénieure afro-américaine à intégrer la NASA, et ce malgré la ségrégation raciale qui régnait à l’époque aux États-Unis.
Outre le rôle essentiel qu’elle a joué dans le développement du programme spatial et l’exploration de l’Univers, elle a aidé d’autres femmes et minorités à progresser dans leur carrière.
De l’école à la NACA, il n’y a qu’un pas
Mary Winston Jackson est née le 9 avril 1921 à Hampton, en Virginie, fille d’Ella et de Frank Winston. Elle a fréquenté les écoles noires de Hampton et a été diplômée avec mention de l’école de formation George P. Phenix en 1937.
Au lycée, elle excelle en mathématiques et en sciences. Elle a obtenu une licence en mathématiques et en sciences physiques à l’université de Hampton en 1942, après quoi elle a enseigné les mathématiques dans une école noire du comté de Calvert, dans le Maryland.
Cinq ans plus tard, elle obtient une double licence en mathématiques et en sciences physiques à l’Institut de Hampton.
Après l’université, Mme Jackson occupe une série d’emplois, loin des télescopes et des fusées, dont ceux d’enseignante, de comptable et de réceptionniste. En 1951, elle trouve un emploi au National Advisory Committee for Aeronautics (NACA, l’agence qui a précédé la NASA) à Langley, en Virginie.
Elle travaille à la section “Unité de calcul de la zone ouest” en tant que mathématicienne de recherche – connue à l’époque sous le nom d' »ordinateur humain ».
En 1953, l’ingénieur Kazimierz Czarnecki lui propose un poste dans son équipe de soufflerie au Langley Research Center. Voyant rapidement son potentiel, Czarnecki encourage Mary à s’inscrire à un programme de formation qui lui permettra d’obtenir un diplôme d’ingénieur.
La première femme afro-américaine ingénieure à la NASA
Malheureusement, l’école offrant les cours appropriés, la Hampton High School de l’université de Virginie, est réservée aux Blancs. Mais cette petite difficulté n’arrête pas Mary ! Elle déposera auprès de la ville de Hampton une demande d’autorisation spéciale pour fréquenter l’école. Après de nombreux recours, la ville accordera à Mary une dérogation qui lui permet de commencer sa formation d’ingénieur au printemps 1956.
En 1958, Mary obtient son diplôme et devient la première femme afro-américaine à être nommée ingénieure à la NASA. La même année, elle signe avec Czarnecki un premier rapport technique en aéronautique.
Au cours de sa carrière à la NASA, Mary Jackson a écrit ou coécrit plus d’une douzaine de publications portant principalement sur le comportement de l’air autour des avions. Elle a apporté à son travail une compréhension des phénomènes physiques qui transcendait les calculs.
Vous avez bien lu. Sans Mary Jackson et l’ensemble des rockets girls (surnom que l’on a donné à ces femmes de l’ombre) de la NASA, l’Homme n’aurait peut être jamais pu mettre un pied sur la Lune…
Vous retrouverez plusieurs traces de ses accomplissements dans divers livres consacrés à la conquête spatiale.
Son travail pour encourager les femmes et les minorités à faire carrière à la NASA
Malgré la qualité de son travail, Mary n’a jamais été promue à un poste de direction à la NASA. En 1979, elle a décidé d’abandonner ses fonctions d’ingénieure et a accepté une rétrogradation en acceptant le poste de responsable du programme fédéral pour les femmes à Langley. Ce poste lui permet de promouvoir le recrutement et la promotion des femmes et des personnes issues de minorités à des postes à la NASA.
De nombreux hommages posthumes
Mary Jackson a pris sa retraite de la NASA en 1985. Ce n’est qu’ensuite que son travail et son dévouement ont été reconnus. Elle a reçu de nombreuses distinctions, dont l’Apollo Group Achievement Award en 1969 pour sa contribution aux programmes spatiaux de la NASA. Elle est décédée le 11 février 2005, à l’âge de 83 ans.
En 2016, l’auteure Margot Lee Shetterly a écrit un livre sur ces femmes exceptionnelles intitulé Hidden Figures ou Les Figures de l’Ombre en français. L’histoire a été adaptée au cinéma la même année dans un film réalisé par Theodore Melfi.
Ce film retrace l’histoire incroyable de Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson ayant franchi les frontières du genre et de la ségrégation raciale pour apporter leur contribution au programme spatial et à l’exploration du système solaire.
En 2019, le Congrès des États-Unis lui décerne à titre posthume la médaille d’or du Congrès, ainsi qu’à ses collègues Katherine Jackson, Dorothy Vaughan et Christine Darden.
Enfin, en 2021, le bâtiment du siège de la NASA à Washington, D.C., a été rebaptisé « Mary W. Jackson NASA Headquarters ». Ce bâtiment de Washington est situé sur la rue Hidden Figures.
Tout au long de sa carrière, Mary Jackson a lutté contre la ségrégation raciale. Sa persévérance et la grande qualité de son travail lui ont permis de briser le plafond de verre qui existait à la NASA. Elle était et reste à ce jour une source d’inspiration pour les jeunes femmes et les personnes appartenant à des minorités désireuses de faire carrière à la NASA et dans les sciences.
Vous serez d’accord avec nous : que ce soit à travers les livres de Thomas Pesquet ou le film « Les Figures de l’ombre », tout est propice à susciter des vocations pour l’espace. Et comme vous l’aurez compris à la lecture de cet article, chez Les Petits Astronomes, nous vouons une immense admiration à cette grande figure de l’astronomie qu’est Mary Jackson.
La prochaine fois que vous observerez le ciel étoilé au télescope, ayez une petite pensée pour Mary Jackson ainsi que toutes ces rockets girls de l’ombre…